Ebauche

Publié le par fallusfaire

ébauche: (pas encore débauche)

  Les frasques colorées de ses atours ensorceleurs ne pouvaient que capter les regards, même les plus égarés. Le mien ne se saisit au prime abord que d' un patchwork de teintes kaleidoscopiques . Au travers de cette vitre dont les reflets ajoutaient au mystère de sa silhouette, les plis de son accoutrement ravissaient l' imagination, prompte comme toujours à ce genre d' enlèvements pour lesquels elle se porte même bien volontier candidate. L' énigme de son corps était renforcée par la distance si minime mais bien matérialisée: elle était inaccessible derrière ce carreau pourtant si facile à contourner ou briser.

   Je croisais le fer avec mes antagonismes bien pensants et focalisait mon regard sur le second plan. elle me regardait aussi. Tout du moins m' avait elle vu et je m' en trouvais bien émoustillé. Je m' imprégnais de son attitude désirable, car c' était aussi là ce qui m' avait interpellé: ma garde à vue consistait  en couleurs chamarrées , une arlequin dont l' accoutrement  sans être vulgaire évoquait les moucharabieh des cours arabes: entre ces tâches colorées son corps nu devait bien me voir sans que j' en distingue rien. J' étais coi, je ne souhaitais plus qu' une chose, me glisser dans son enveloppe de toile- comme j' aurais pénétré une riyad- pour y goûter les courbes bien réelles de sa ligne ferme et élancée.

   Elle glissait maintenant un index indécis à la commissure de son sourire renversant. Je ne distinguai plus que le mat de sa peau dorée par les heures passées au soleil, des ombres de son cou surgissaient les moments de siestes enivrantes et de sueurs apaisantes venues d' un temps qui se refuse à l' abandon complet au sommeil. Je plongeais dans l' entrebaillement de sa poitrine pour ne revoir la surface qu' en réalisant que les teintes soleil azur et cerise de sa large chemise recouvraient encore ses épaules. Elle n' avait usé d' aucun artifice pour me paraître si belle, ni or ni pierre, juste la teinte de son épiderme et cette consistance propres aux jeunes filles pleines de santé alors qu' elles entrent dans leur vie de femme.

   Voilà que j' étais assommé debout sur le trottoir, non par le soleil de plomb de l' été méridional mais par cette beauté évidente.       

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article